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gagner la montagne et s'unir aux détachements de partisans qui pullulent dans les
régions montagneuses et boisées du pays. Depuis plus d'une année déjà, la presse
nationale d'Azerbaïdjan publie des informations périodiques sur le mouvement
insurrectionnel en Azerbaïdjan. La presse soviétique elle-même donne de temps à
autre des détails plus on moins longs sur ce mouvement. Les lecteurs de notre
organe peuvent en avoir une idée d'après ces informations. La terreur qui règne
parmi les travailleurs soviétiques, l'assassinat des éléments nuisibles, du point de
vue de la population, et des hommes politiques communistes, la destruction par le
feu des magasins de blé — propriété des entreprises communales — les attaques
des Soviets ruraux, le refus de se soumettre aux obligations de l'Etat, sont autant de
faits journellement signalés dans la presse bolchévistc de Tiflis ou de Bakou.
Cette incessante activité de la population contre le pouvoir abor-rhé des
Soviets, que la collectivisation et les persécutions du pouvoir soviétique n'ont fait
que développer, a pris des proportions à ce point considérables qu'il a fallu envoyer
des régiments entiers de l'armée rouge pour en venir à bout.
L'on se souvient que l'an dernier, les autorités de Bakou furent obligées
d'envoyer, en même temps que des détachements de l'armée rouge, une partie de la
"flotte rouge" de la Caspienne devant Lenkoran pour combattre le mouvement
insurrectionnel et les chefs de ce mouvement dans cette région de Lenkoran. C'est
dans les profondeurs des immenses forêts de cette région de Lenkoran que se
retiraient les "koulaks", c'est-à-dire l'élément le plus sain d'entre les paysans, en
même temps que le plus actif, le plus travailleur. Ce mouvement, connu sous le
nom local de "Gudéler", du sobriquet donné à leurs chefs, les deux frères Djan
Kichi u Khan Kichi qui, tous deux, étaient de petite taille (gudé) a été l'une des
manifestations multiples du mouvement populaire qui, selon les témoignages des
bolcheviks eux-mêmes, en un laps de temps très court, a donné lieu, quatre fois de
suite, à des engagements sérieux.
Rien, pas plus les expéditions punitives que les arrestations, les
déportations, les exécutions n'ont pu mettre un frein an mouvement insurrectionnel.
De nos jours, de nouvelles informations nous arrivent sur l'activité croissante des
insurgés; de jour en jour apparaissent de nouvelles organisations révolutionnaires
ayant pour but la destruction du pouvoir soviétique d'occupation. On remarque non
seulement des actes terroristes individuels dont sont victimes les représentants du
pouvoir d'occupation, mais aussi de hardis coups de main organisés par les insur-
gés. C'est le cas, notamment, du détachement de "Katchanes", autrement dit de
partisans qui, au cours d'un raid, enleva tous les communistes des postes qu'ils
occupaient avant que de regagner la montagne. Il n'est pas douteux que Mehmet
Kérim, le chef des insurgés, est redevable de ces succès non seulement à ses