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et Medjnoun", conçue dans le genre de "Roméo et Juliette", a servi de sujet au
premier opéra azerbaïdjanien.
Mais le peuple azerbaïdjanien, pour lequel la poésie est un véritable besoin,
et dont le sens poétique trouve son expression dans un folklore d'une richesse et
d'une variété surprenantes, ne pouvait s'abreuver éternellement à l'unique source de
la tradition fuzoulienne. Aussi vit-on quelque temps après la clôture de l'ère
fuzoulienne, surgir des poètes d'un autre genre, tous dignes d'attention, sur lesquels
il nous est impossible de fournir des détails biographiques dans le cadre restraint de
cet article.
La poésie azerhaïdjanienne, qui, tant an point de vue de langue qu'a celui
des sujets traités et du but auquel elle tend, est actuellement un art tout à fait
moderne, a pénétré jusque dans les plus humbles huttes des villages, où elle est
représentée par les œuvres des principaux poètes, parmi lesquels il y a lieu de citer
notamment Sabir dont les très spirituelles et mordantes satires ont obtenu un succès
énorme.
C'est a l'existence de la scène azerbaïdjanienne que le théâtre turc doit sa
renaissance. Le premier des dramaturges turcs fut l'Azerbaïdjanien Mirza Fatali,
mort il y a plus de quarante ans. Ce n'est pas sans raison qu'on l'a surnommé le
"Molière turc", car ses savoureuses comédies, dont les sujets sont tirés des scènes
de la vie populaire, ont conservé toute leur fraîcheur, et leur attrait, et leur
retentissement a été tel, qu'elles ont été traduites en plusieurs langues européennes
et orientales.
Le théâtre azerbaïdjanien ne mérite pas seulement d'être apprécié pour ce
qu'il a fait dans le passé, mais aussi pour ce qu'il continue de faire. Disons, à ce
propos, que la vie théâtrale est très intense dans l'Azerbaïdjan, qui compte
beaucoup de théâtres, dont quelques-uns monumentaux, où sont représentés par des
acteurs et des actrices de valeur, des drames, des comédies, des opéras, des
opérettes, des pièces classiques, romantiques, réalistes, dont un grand nombre
écrits ou composés dans le pays même, le reste venant de l'étranger.
Shakespeare, Corneille, Racine, Molière, Schiller, Ibsen et d'autres génies
occupent la place d'honneur dans ce vaste répertoire.
Tel est l'attrait du théâtre sur les Azerbaïdjaniens, qu'ils en sont arrivés à ne
pouvoir concevoir de vie civilisée sans spectacle.
Pour ce qui est de la musique azerbaïdjanienne, elle n'est pas seulement
prisée par les seuls Turcs de l'Azerbaïdjan, mais aussi par les autres peuples
caucasiens, en raison d'une certaine similitude de goût. C'est ainsi que plusieurs
opérettes azerbaïdjaniennes, comme Archin-Mal-Alan, sont données sur presque
toutes les scènes de la Caucasie, notamment dans l'Arménie et la Géorgie, où elles