Vogt H. Grammaire de la langue g?orgienne. – Oslo:
Universitetsforlaget, 1971. – 280 p.
Pr?face et introduction
Le pr?sent ouvrage avait ?t? projet? comme une r??dition de mon Esquisse d'une grammaire du g?orgien modee (Oslo, 1936), ?puis?e depuis des ann?es. Le r?sultat est, cependant, un nouveau livre qui sur beaucoup de points se distingue de son pr?d?cesseur, m?me si la doctrine reste essentiellement la m?me. Au temps de mon Esquisse, il existait bien peu de choses sur le g?orgien modee, en dehors de la petite grammaire d'Ak'ak'i ?anize (Tiflis, 1930) et du dictionnaire de valeur tr?s in?gale de Richard Meckelein (1928), et j'ai d?, dans une tr?s grande mesure, m'appuyer sur les notes que j'avais prises pendant mon s?jour en G?orgie dans les ann?es 1932 et 1933. La situation est tout autrement favorable aujourd'hui. J'ai pu profiter des descriptions plus approfondies de ?anize, ses Principes de 1942-43, et de ses grammaires de 1955 et de 1962. Ma dette envers ce savant qui a ?t? mon ma?tre et qui est rest? mon ami, est grande, son influence est pr?sente dans presque toutes les parties du livre, m?me l? o? je ne le cite pas directement, et m?me l? o? je suis arriv? ? d'autres interpr?tations que lui. Sur certains points, j'ai pu consulter avec profit la Einf?hrung in die georgische Sprache (Be, 1958) de Kita Tschenk?li (K'it'a ?xenk'eli). Les travaux et le bulletin de l'Universit? de Tiflis, fond?e en 1918, le bulletin de l'Acad?mie des Sciences de G?orgie, le joual Linguistique ib?ro-caucasique, et beaucoup de recueils et de monographies, cit?s dans les Notes, ont ?t? mis ? contribution. Ils contiennent, cependant, relativement peu de chose sur la structure du g?orgien modee, envisag? pour lui-m?me. Le dictionnaire de l'Acad?mie a ?t? sous mes yeux pendant tout le temps de la r?daction du manuscrit. Pour le sens et l'emploi des mots, comme pour la formation des mots, il a ?t? un guide inestimable. Sur la morphologie il contient moins de renseignements qu'un ?tranger aurait souhait?. Sur ce point, j'ai d? me fier aux notes prises pendant la lecture des textes que j'ai pu me procurer. Leur choix est peut-?tre arbitraire, la communication a ?t? difficile pendant des ann?es, interrompue compl?tement pendant la guerre.
Le livre pr?sent s'adresse, comme d'ailleurs l'Esquisse, avant tout aux linguistes non-g?orgiens qui d?sirent, pour une raison ou une autre, se former une id?e de la structure du g?orgien, suffisamment pour se d?brouiller dans la litt?rature modee. C'est pour leur faciliter la t?che que je me suis d?cid? cette fois ? citer les formes g?orgiennes en transcription. J'ai voulu donner une description, dans le sens traditionnel du mot, qui corresponde ? l'?tat actuel de nos connnaissances, mettant l'accent surtout sur le syst?me verbal. En ce qui concee la syntaxe, il reste beaucoup ? faire. J'attache une valeur particuli?re ? l'Index qui permettra au lecteur, sans perte de temps, de trouver ou de retrouver les faits qui l'int?ressent.
Le g?orgien appartient au groupe des langues caucasiques du Sud, dites kartv?lienes (karlveluri). Au m?me groupe appartiennent aussi le mingr?lien (megruli) et le laze (?'anuri), tr?s proches l'un de l'autre, si proches qu'ils sont souvent consid?r?s comme deux dialectes d'une seule et m?me langue, appel?e zanuri, et, parent plus ?loign?, le svane (svanuri). La parent? des langues kartv?liennes avec les autres langues caucasiques — ou avec certaines d'entre elles — est une hypoth?se s?duisante, mais qui n'est pas prouv?e. Que le g?orgien, et avec lui les autres langues kartv?liennes, ait subi, ? une ?poque pr?historique, l'influence de langues indo-europ?ennes, est par contre une hypoth?se tr?s probable.
Le g?orgien comprend un certain nombre de dialectes, r?partis sur deux groupes, le groupe oriental comprenant les dialectes karlluri (avec mesxuri et ?avaxuri), k'axuri (avec kiziq'uri), les dialectes des montagnes p?auri, xevsuruli, tu?uri, moxeuri, mtiuluri, gudamaq'ruli, et, d'autre part, le groupe occidental comprenant les dialectes imeruli (avec le?xumuri), ra?'uli, guruli et a?'aruli.
En dehors de la R?publique g?orgienne, le dialecte ingilouri est parl? en Azerba?djan, le dialecte pereidnuli en Iran, et le dialecte imerxeuri en Turquie. Selon les donn?es de Jazyki narodov SSSR, t. IV (Moscou, 1967), le nombre des personnes qui ont le g?orgien comme premi?re langue s'?l?ve ? 2. 625. 000, environ 63 % de la population totale de la r?publique. Dans ce nombre sont inclus les Mingr?liens dont le nombre n'est pas donn? dans l'ouvrage cit? (selon le recensement de 1928 environ 285. 000), les Lazes dont le nombre ne d?passe gu?re un millier, et les Svanes (35. 000). Le nombre des personnes de langue g?orgienne en Iran et en Turquie n'est pas connu.
La langue litt?raire (sali?era?uro ena), d?crite dans cet ouvrage, est bas?e sur les dialectes orientaux karlluri et k'axuri. Les dialectes des montagnes sont tr?s archa?ques, conservant jusqu'? nos jours beaucoup de traits du vieux g?orgien perdus en g?orgien litt?raire. Les dialectes occidentaux, surtout le guruli, se rapprochent sur certains points du mingr?lien.
Le g?orgien est la seule langue caucasique ? se vanter d'une tradition litt?raire ininterrompue depuis le ve si?cle de notre ?re jusqu'? nos jours. Ce fait ? lui seul donne ? l'?tude du g?orgien une valeur particuli?re, dans l'ensemble de ces langues dont les rapports avec les autres langues de l'Anatolie, indo-europ?ennes et autres, posent tant de probl?mes. La p?riode du vieux g?orgien proprement dit va des origines au xie si?cle, connue surtout par des textes religieux (traductions bibliques, textes liturgiques, vies des saints). La forme de la langue qui s'impose dans l'?ge d'or, au xiie si?cle, autour de l'administration royale, est souvent d?sign?e du terme moyen g?orgien. Cette langue, plus ou moins influenc?e par la langue parl?e, s'?crit jusqu'? la premi?re moiti? du xixe si?cle. Nous avons cependant, d?s le commencement du xviiie si?cle, des textes ?crits dans une langue « populaire » qui est tr?s proche de la langue modee. La renaissance nationale du xixe si?cle am?ne la rupture d?finitive avec l'ancienne norme linguistique. La langue ?crite se moule sur la langue parl?e dans les classes cultiv?es de la capitale et des r?gions qui l'entourent, pour trouver sa forme d?finitive sous la plume des grands ?crivains et po?tes de la seconde moiti? du si?cle deier Ilia ?'avc'ava?e, Ak'ak'i C'ereteli et Aleksandre Q'azbegi. Avec la cr?ation de la R?publique de 1918, et de la R?publique Socialiste Sovi?tique de G?orgie de 1921, le g?orgien modee, au sens ?troit du mot, est devenu, apr?s un si?cle d'oppression, la langue officielle du pays, utilis?e dans toutes les sph?res de la vie sociale, administration, vie ?conomique, enseignement, presse et litt?rature. Un travail intensif de normalisation morphologique et orthographique a ?t? poursuivi depuis les ann?es 1930, et un travail de terminologie scientifique et technologique tr?s ?nergique a donn? au g?orgien un vocabulaire qui couvre tous les domaines de la vie modee.
Mes amis et coll?gues de Tiflis, vieux et jeunes, comme les instituts universitaires et acad?miques ont, pendant plus de trente ans, fait tout ce qu'ils ont pu pour me tenir au courant de leurs activit?s et des travaux de recherche linguistique du pays. Je leur dois beaucoup. Lors de la dei?re r?vision du manuscrit, M. K. Salia, ?diteur de Bedi Kartlisa, Revue de kartv?lologie, m'a consacr? beaucoup de son temps, pour me renseigner sur des questions d'usage, ce qui m'a ?vit? bien des erreurs de fait. L'Institut pour l'?tude comparative des Civilisations d'Oslo, qui, par ses subventions g?n?reuses en 1932, a rendu possible mon s?jour prolong? en G?orgie, a bien voulu prendre en charge les frais de publication de mon livre. Je tiens ? leur exprimer ? tous ma profonde reconnaissance.
Qu'il me soit permis de d?dier cette modeste contribution aux ?tudes g?orgiennes ? la m?moire de Ilia Abula?e, fondateur et directeur de l'Institut des Manuscrits de Tiflis, dont la mort pr?matur?e en 1968 a ?t? une perte irr?parable pour la philologie arm?no-g?orgienne. Il ?tait mon premier ma?tre de g?orgien. L'amiti? qui nous liait depuis notre jeunesse restera un de mes plus pr?cieux souvenirs.
Oslo, mars 1970.
Hans VOGT,
Universit? d'Oslo.
Pr?face et introduction
Le pr?sent ouvrage avait ?t? projet? comme une r??dition de mon Esquisse d'une grammaire du g?orgien modee (Oslo, 1936), ?puis?e depuis des ann?es. Le r?sultat est, cependant, un nouveau livre qui sur beaucoup de points se distingue de son pr?d?cesseur, m?me si la doctrine reste essentiellement la m?me. Au temps de mon Esquisse, il existait bien peu de choses sur le g?orgien modee, en dehors de la petite grammaire d'Ak'ak'i ?anize (Tiflis, 1930) et du dictionnaire de valeur tr?s in?gale de Richard Meckelein (1928), et j'ai d?, dans une tr?s grande mesure, m'appuyer sur les notes que j'avais prises pendant mon s?jour en G?orgie dans les ann?es 1932 et 1933. La situation est tout autrement favorable aujourd'hui. J'ai pu profiter des descriptions plus approfondies de ?anize, ses Principes de 1942-43, et de ses grammaires de 1955 et de 1962. Ma dette envers ce savant qui a ?t? mon ma?tre et qui est rest? mon ami, est grande, son influence est pr?sente dans presque toutes les parties du livre, m?me l? o? je ne le cite pas directement, et m?me l? o? je suis arriv? ? d'autres interpr?tations que lui. Sur certains points, j'ai pu consulter avec profit la Einf?hrung in die georgische Sprache (Be, 1958) de Kita Tschenk?li (K'it'a ?xenk'eli). Les travaux et le bulletin de l'Universit? de Tiflis, fond?e en 1918, le bulletin de l'Acad?mie des Sciences de G?orgie, le joual Linguistique ib?ro-caucasique, et beaucoup de recueils et de monographies, cit?s dans les Notes, ont ?t? mis ? contribution. Ils contiennent, cependant, relativement peu de chose sur la structure du g?orgien modee, envisag? pour lui-m?me. Le dictionnaire de l'Acad?mie a ?t? sous mes yeux pendant tout le temps de la r?daction du manuscrit. Pour le sens et l'emploi des mots, comme pour la formation des mots, il a ?t? un guide inestimable. Sur la morphologie il contient moins de renseignements qu'un ?tranger aurait souhait?. Sur ce point, j'ai d? me fier aux notes prises pendant la lecture des textes que j'ai pu me procurer. Leur choix est peut-?tre arbitraire, la communication a ?t? difficile pendant des ann?es, interrompue compl?tement pendant la guerre.
Le livre pr?sent s'adresse, comme d'ailleurs l'Esquisse, avant tout aux linguistes non-g?orgiens qui d?sirent, pour une raison ou une autre, se former une id?e de la structure du g?orgien, suffisamment pour se d?brouiller dans la litt?rature modee. C'est pour leur faciliter la t?che que je me suis d?cid? cette fois ? citer les formes g?orgiennes en transcription. J'ai voulu donner une description, dans le sens traditionnel du mot, qui corresponde ? l'?tat actuel de nos connnaissances, mettant l'accent surtout sur le syst?me verbal. En ce qui concee la syntaxe, il reste beaucoup ? faire. J'attache une valeur particuli?re ? l'Index qui permettra au lecteur, sans perte de temps, de trouver ou de retrouver les faits qui l'int?ressent.
Le g?orgien appartient au groupe des langues caucasiques du Sud, dites kartv?lienes (karlveluri). Au m?me groupe appartiennent aussi le mingr?lien (megruli) et le laze (?'anuri), tr?s proches l'un de l'autre, si proches qu'ils sont souvent consid?r?s comme deux dialectes d'une seule et m?me langue, appel?e zanuri, et, parent plus ?loign?, le svane (svanuri). La parent? des langues kartv?liennes avec les autres langues caucasiques — ou avec certaines d'entre elles — est une hypoth?se s?duisante, mais qui n'est pas prouv?e. Que le g?orgien, et avec lui les autres langues kartv?liennes, ait subi, ? une ?poque pr?historique, l'influence de langues indo-europ?ennes, est par contre une hypoth?se tr?s probable.
Le g?orgien comprend un certain nombre de dialectes, r?partis sur deux groupes, le groupe oriental comprenant les dialectes karlluri (avec mesxuri et ?avaxuri), k'axuri (avec kiziq'uri), les dialectes des montagnes p?auri, xevsuruli, tu?uri, moxeuri, mtiuluri, gudamaq'ruli, et, d'autre part, le groupe occidental comprenant les dialectes imeruli (avec le?xumuri), ra?'uli, guruli et a?'aruli.
En dehors de la R?publique g?orgienne, le dialecte ingilouri est parl? en Azerba?djan, le dialecte pereidnuli en Iran, et le dialecte imerxeuri en Turquie. Selon les donn?es de Jazyki narodov SSSR, t. IV (Moscou, 1967), le nombre des personnes qui ont le g?orgien comme premi?re langue s'?l?ve ? 2. 625. 000, environ 63 % de la population totale de la r?publique. Dans ce nombre sont inclus les Mingr?liens dont le nombre n'est pas donn? dans l'ouvrage cit? (selon le recensement de 1928 environ 285. 000), les Lazes dont le nombre ne d?passe gu?re un millier, et les Svanes (35. 000). Le nombre des personnes de langue g?orgienne en Iran et en Turquie n'est pas connu.
La langue litt?raire (sali?era?uro ena), d?crite dans cet ouvrage, est bas?e sur les dialectes orientaux karlluri et k'axuri. Les dialectes des montagnes sont tr?s archa?ques, conservant jusqu'? nos jours beaucoup de traits du vieux g?orgien perdus en g?orgien litt?raire. Les dialectes occidentaux, surtout le guruli, se rapprochent sur certains points du mingr?lien.
Le g?orgien est la seule langue caucasique ? se vanter d'une tradition litt?raire ininterrompue depuis le ve si?cle de notre ?re jusqu'? nos jours. Ce fait ? lui seul donne ? l'?tude du g?orgien une valeur particuli?re, dans l'ensemble de ces langues dont les rapports avec les autres langues de l'Anatolie, indo-europ?ennes et autres, posent tant de probl?mes. La p?riode du vieux g?orgien proprement dit va des origines au xie si?cle, connue surtout par des textes religieux (traductions bibliques, textes liturgiques, vies des saints). La forme de la langue qui s'impose dans l'?ge d'or, au xiie si?cle, autour de l'administration royale, est souvent d?sign?e du terme moyen g?orgien. Cette langue, plus ou moins influenc?e par la langue parl?e, s'?crit jusqu'? la premi?re moiti? du xixe si?cle. Nous avons cependant, d?s le commencement du xviiie si?cle, des textes ?crits dans une langue « populaire » qui est tr?s proche de la langue modee. La renaissance nationale du xixe si?cle am?ne la rupture d?finitive avec l'ancienne norme linguistique. La langue ?crite se moule sur la langue parl?e dans les classes cultiv?es de la capitale et des r?gions qui l'entourent, pour trouver sa forme d?finitive sous la plume des grands ?crivains et po?tes de la seconde moiti? du si?cle deier Ilia ?'avc'ava?e, Ak'ak'i C'ereteli et Aleksandre Q'azbegi. Avec la cr?ation de la R?publique de 1918, et de la R?publique Socialiste Sovi?tique de G?orgie de 1921, le g?orgien modee, au sens ?troit du mot, est devenu, apr?s un si?cle d'oppression, la langue officielle du pays, utilis?e dans toutes les sph?res de la vie sociale, administration, vie ?conomique, enseignement, presse et litt?rature. Un travail intensif de normalisation morphologique et orthographique a ?t? poursuivi depuis les ann?es 1930, et un travail de terminologie scientifique et technologique tr?s ?nergique a donn? au g?orgien un vocabulaire qui couvre tous les domaines de la vie modee.
Mes amis et coll?gues de Tiflis, vieux et jeunes, comme les instituts universitaires et acad?miques ont, pendant plus de trente ans, fait tout ce qu'ils ont pu pour me tenir au courant de leurs activit?s et des travaux de recherche linguistique du pays. Je leur dois beaucoup. Lors de la dei?re r?vision du manuscrit, M. K. Salia, ?diteur de Bedi Kartlisa, Revue de kartv?lologie, m'a consacr? beaucoup de son temps, pour me renseigner sur des questions d'usage, ce qui m'a ?vit? bien des erreurs de fait. L'Institut pour l'?tude comparative des Civilisations d'Oslo, qui, par ses subventions g?n?reuses en 1932, a rendu possible mon s?jour prolong? en G?orgie, a bien voulu prendre en charge les frais de publication de mon livre. Je tiens ? leur exprimer ? tous ma profonde reconnaissance.
Qu'il me soit permis de d?dier cette modeste contribution aux ?tudes g?orgiennes ? la m?moire de Ilia Abula?e, fondateur et directeur de l'Institut des Manuscrits de Tiflis, dont la mort pr?matur?e en 1968 a ?t? une perte irr?parable pour la philologie arm?no-g?orgienne. Il ?tait mon premier ma?tre de g?orgien. L'amiti? qui nous liait depuis notre jeunesse restera un de mes plus pr?cieux souvenirs.
Oslo, mars 1970.
Hans VOGT,
Universit? d'Oslo.